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Ce blog se veut un lieu de réflexion libertaire autour des concepts de domination et de pouvoir.L'objectif serait de fournir une base référentielle pour faciliter le renouveau de la pensée libertaire. Attention comme tout blog il faut commencer par la fin soit le message le plus ancien. Pour faciliter ,les articles ont été numérotés puisqu'ils font partie d'un ensemble de textes. La forme blog m'est apparue plus intéressante que la brochure en raison de la gratuité et des échanges à venir.Vous pouvez laisser des commentaires en cliquant sur l'icône éclair.Cordialement et bonne lecture !

12 Apr

Anarchie et pouvoir 4

Publié par sureau  - Catégories :  #anarchie et pouvoir

L'antagonisme entre anarchie et pouvoir:

Anselme Bellegarrigue affirmera le premier une rupture en s'en prenant directement au concept de pouvoir: " Il n'y a pas de pouvoir qui ne soit l'ennemi du peuple, car quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve placé, quel que soit l'homme qui en est investi, de quelque nom qu'on l'appelle, le pouvoir est toujours le pouvoir, c'est-à-dire le signe irréfragable de l'abdication de la souveraineté du peuple; la consécration d'une maîtrise suprême…Le pouvoir, c'est l'ennemi dans l'ordre social et dans l'ordre politique." [1]

Cette fois la césure est énoncée entre la société et le pouvoir et ce dernier est clairement identifié comme l'antagoniste.

« Qui dit anarchie, dit négation du gouvernement;

Qui dit négation du gouvernement, dit affirmation du peuple;

Qui dit affirmation du peuple, dit liberté individuelle;

Qui dit liberté individuelle, dit souveraineté de chacun;

Qui dit souveraineté de chacun, dit égalité;

Qui dit égalité, dit solidarité ou fraternité;

Qui dit fraternité, dit ordre social;

Donc qui dit anarchie, dit ordre social. »[2]

Penser un autre ordre va à l’encontre du « consensus des politologues contemporains sur l'idée que la théorie politique est l'étude des manœuvres du pouvoir, est déjà une idéologie névrotique. » Paul Goodman

Proudhon l'inversion de sens

Proudhon, en 1864, définit en ces termes l'anarchie: "une forme de gouvernement, ou constitution dans laquelle la conscience publique et privée, formée par le développement de la science du droit, suffit seule au maintien de l'ordre." [3]

Parmi les premiers, Proudhon théorise un lien entre l'ordre et l'anarchie.

"L'humanité demande à ses maîtres : « Pourquoi prétendez-vous régner sur moi et me gouverner ? » Ils répondent : « Parce que la société ne peut se passer d'ordre ; parce qu'il faut dans une société des hommes qui obéissent et qui travaillent, pendant que les autres commandent et dirigent; parce que les facultés individuelles étant inégales, les intérêts opposés, les passions antagonistes, le bien particulier de chacun opposé au bien de tous, il faut une autorité qui assigne la limite des droits et des devoirs, un arbitre qui tranche les conflits, une force publique qui fasse exécuter les jugements du souverain. Or, le pouvoir, l'État, est précisément cette autorité discrétionnaire, cet arbitre qui rend à chacun ce qui lui appartient, cette force qui assure et fait respecter la paix. Le gouvernement, en deux mots, est le principe et la garantie de l'ordre social : c'est ce que déclarent à la fois le sens commun et la nature. »[4]

"À toutes les époques, dans la bouche de tous les pouvoirs vous la retrouvez identique, invariable, dans les livres des économistes malthusiens, dans les journaux de la réaction et dans les professions de foi des républicains. Il n'y a de différence, entre eux tous, que par la mesure des concessions qu'ils prétendent faire à la liberté sur le principe : concessions illusoires, qui ajoutent aux formes de gouvernement dites tempérées, constitutionnelles, démocratiques, etc., un assaisonnement d'hypocrisie dont la saveur ne les rend que plus méprisables.

Ainsi le gouvernement, dans la simplicité de sa nature, se présente comme la condition absolue, nécessaire, sine qua non, de l'ordre. C'est pour cela qu'il aspire toujours, et sous tous les masques, à l'absolutisme : en effet, d'après le principe, plus le gouvernement est fort, plus l'ordre approche de la perfection. Ces deux notions, le gouvernement et l'ordre, seraient donc l'une à l'autre dans le rapport de la cause à l'effet : la cause serait le gouvernement, l'effet serait l'ordre. C'est bien aussi comme cela que les sociétés primitives ont raisonné. (...) Mais ce raisonnement n'en est pas moins faux, et la conclusion de plein droit inadmissible, attendu que, d'après la classification logique des idées, le rapport de gouvernement à ordre n'est point du tout, comme le prétendent les chefs d'État, celui de cause à effet, c'est celui du particulier au général. L'ordre, voilà le genre ; le gouvernement, voilà l'espèce. En d'autres termes, il y a plusieurs manières de concevoir l'ordre : qui nous prouve que l'ordre dans la société soit celui qu'il plaît à ses maîtres de lui assigner ? "[5]

En dissociant le couple ordre - gouvernement, Proudhon introduit une rupture et permet l'éclosion de cette idée novatrice que l'ordre puisse être en l'anarchie et non dans les multiples figures de gouvernement.

Un autre ordre est désormais imaginable. L'imaginaire subversif de Proudhon tient en cette pensée révolutionnaire de la distinction entre un pouvoir social et un pouvoir politique.

[1] Anselme Bellegarrigue Manifeste de l’Anarchie (L'anarchie, Journal de l'Ordre - n°1, Avril 1850

[2] Anselme Bellegarrigue Manifeste de l’Anarchie (L'anarchie, Journal de l'Ordre - n°1, Avril 1850

[3] Pierre Joseph Proudhon, lettre à monsieur Millet 20 aout 1864, mémoires sur ma vie,,

[4] Pierre Joseph Proudhon, Du principe d'autorité,

[5] Pierre Joseph Proudhon, Idée générale de la révolution au XIXe siècle,

Anarchie et  pouvoir 4
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