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Ce blog se veut un lieu de réflexion libertaire autour des concepts de domination et de pouvoir.L'objectif serait de fournir une base référentielle pour faciliter le renouveau de la pensée libertaire. Attention comme tout blog il faut commencer par la fin soit le message le plus ancien. Pour faciliter ,les articles ont été numérotés puisqu'ils font partie d'un ensemble de textes. La forme blog m'est apparue plus intéressante que la brochure en raison de la gratuité et des échanges à venir.Vous pouvez laisser des commentaires en cliquant sur l'icône éclair.Cordialement et bonne lecture !

12 Apr

Anarchie et pouvoir 6

Publié par sureau  - Catégories :  #anarchie et pouvoir

De la naissance d'une dissociation nouvelle

« Je distingue en toute société deux espèces de constitutions : l’une que j’appelle la constitution SOCIALE, l’autre qui est la constitution POLITIQUE ; la première, intime à l’humanité, libérée, nécessaire, et dont le développement consiste surtout à affaiblir et écarter peu à peu la seco nde, essentiellement factice, restrictive et transitoire. La constitution sociale n’est autre chose que l’équilibre des intérêts fondé sur le libre contrat et l’organisation des forces économiques qui sont, en général : le Travail, la Division du travail, la Force collective, la Concurrence, le Commerce, la Monnaie, le Crédit, la Propriété, l’Egalité dans les transactions, la Réciprocité des garanties, etc.

La constitution politique a pour principe l’AUTORITE, ses formes sont : la Distinction des classes, la Séparation des pouvoirs, la Centralisation administrative, la Hiérarchie (…). Ces deux constitutions (…) sont de nature absolument diverse et même incompatible»[1]

Des principes du fédéralisme:

Pierre Joseph Proudhon établit des constats.

En 1789, « Les fédérations ou fraternisations se formèrent spontanément de toutes parts ; elles prouvaient que la souveraineté du peuple n’est autre chose que l’harmonie des intérêts, résultant d’un libre contrat et que la centralisation des pouvoirs (…) est l’aliénation même des libertés ».[2]

Cet écrit préfigure les thèses "du principe fédératif".

"Associer, rendre synonymes ces deux termes (fédération et fraternisation) annonce une rupture avec l’usage courant. En effet, dans la langue commune comme dans le vocabulaire juridique, la fédération désigne un type de régime politique, et n’implique nullement un régime socio-affectif particulier dont le modèle serait donné par les liens fraternels au sein d’une famille."[3]

"En désignant la fédération comme une communauté d’entente, il s’oppose au langage courant qui fait de la fédération l’un des régimes politiques et refuse la confusion entre le fédératif et l’aliénation politique. Si l’on prend en compte la vigueur de la dénonciation de l’oppression politique, on mesure l’importance de cette nouvelle définition des rapports fédératifs."[4]

Le terme de fédération "peut désigner un régime politique établi comportant ses règles et ses hiérarchies, mais il peut aussi mettre l’accent sur les actions collectives conduisant à l’édification d’une fédération : sur le fait de « se fédérer ». Proudhon utilise ces deux significations selon les situations et les conjonctures mais, dans la perspective historique et dynamique qui est la sienne, c’est bien sur ce processus de création qu’il met l’accent et sur sa « spontanéité ». Lorsqu’il rappelle le mouvement collectif qui porta les citoyens, en 1788-89, à former des fédérations, c’est bien de ce processus actif et créatif qu’il s’agit : les citoyens se sont alors, eux-mêmes, fédérés.».[5]

« Il faut reconnaître que l'anarchisme s'écarte tellement du discours dominant qu'il est incompréhensible dans le cadre de ce dernier, pire même, qu'il suscite des bévues : on ne le voit pas là où il est, on le voit là où il n'est pas »[6]

Fédéralisme, « Cette théorie est tellement nouvelle qu'on trouve, sous la plume de Proudhon, le mot « fédéralisme » dans des sens différents selon l'époque où il écrit. A l'origine, en effet, le mot avait un sens péjoratif, hérité de l'époque de la Révolution française, et signifiait émiettement, sécession. Pour les jacobins centralisateurs de la Révolution française, fédéralisme signifiait destruction de l'unité et de la souveraineté nationales. Pour eux, la souveraineté nationale ne pouvait selon eux se réaliser que par la centralisation politique. D'ailleurs, pour l'anecdote, fédéralisme, chez Marx, gardera ce sens-là – faut-il s'en étonner ? »[7]

"La généralisation du principe fédératif à la totalité du système social et politique remet en question la nature et les fonctions de l’Etat. Alors que l’Etat, dans les régimes de féodalité ou de démocratie traditionnelle tend à se saisir de tous les pouvoirs et à constituer ou reconstituer le despotisme, l’Etat d’un régime fédéral se trouve face à tous les contre-pouvoirs d’une société de liberté. Cette question de la délimitation du rôle de l’Etat est, écrit Proudhon, « une question de vie et de mort pour la liberté collective et individuelle »[8]

« Dans la fédération, le principe d’autorité étant subalternisé, la liberté prépondérante, l’ordre politique est une hiérarchie renversée dans laquelle la plus grande part de conseil, d’action, de richesse et de puissance reste aux mains de la multitude confédérée, sans pouvoir jamais passer à celles d’une autorité centrale.

La notion même de gouvernement change radicalement de sens. Il ne s’agit plus d’un « pouvoir » mais, l’autorité étant « subalternisée », les fonctions autrefois dominantes cèdent place à l’ensemble des fonctions générales d’administration des échanges entre les fédérations et les confédérations.[9]

Avec Pierre Joseph Proudhon, l'anarchie apparaît enfin comme un ordre social possible et souhaitable. Proudhon affirme clairement que, "la société cherche l'ordre dans l'anarchie."[10]

« Ainsi l'« anarchie » n'est pas une négation pure de l'autorité, elle est l'instauration d'une forme d'autorité qui n'est pas imposée du dehors à des groupes ou individus passifs, mais qui est contrôlée et auto- organisée par les forces sociales. Il ne s'agit plus à proprement parler de gouvernement mais d'organisation, de fédération, qui permet de garantir à la fois l'autonomie des contractants et la socialisation des forces de production. »[11]

« Le fédéralisme constitue l’épine dorsale de la pensée anarchiste. Il convient de bien insister sur ce point ; en effet, au tournant du 19e et du 20e siècle le mouvement anarchiste, français en particulier, connaîtra une phase de dégénérescence… lors de laquelle il cessera toute référence à ce principe. »[12]

[1] Pierre Joseph Proudhon, Confessions d’un révolutionnaire, p 217

[2] Pierre Joseph Proudhon, Confessions d’un révolutionnaire, p 87.88

[3] Pierre Ansart, «Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme?», Les cahiers psychologie politique [En ligne], numéro 16, Janvier 2010.

[4] Pierre Ansart, «Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme?», Les cahiers psychologie politique numéro 16, Janvier 2010.

[5] Pierre Ansart, «Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme?», Les cahiers psychologie politique numéro 16, Janvier 2010.

[6] Ronald Creagh, La déférence, l'insolence anarchiste et la postmodernité In: L’Homme et la société, N. 123-124, 1997. Actualité de l'anarchisme. pp. 131-148.

[7] René Berthier 2008 , Philosophie politique de l’anarchisme, Volume 1, Essai sur les fondements théoriques

de l’anarchisme

[8] Pierre Ansart, «Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme?», Les cahiers psychologie politique, numéro 16, Janvier 2010.

[9] Pierre Ansart, «Proudhon : Anarchisme ou Fédéralisme?», Les cahiers psychologie politique [En ligne], numéro 16, Janvier 2010.

[10] Pierre Joseph Proudhon, , propriété, p 337.339

[11] René Berthier 2008, Philosophie politique de l’anarchisme, Volume 1, Essai sur les fondements théoriques

de l’anarchisme p 127

[12] René Berthier 2008, Philosophie politique de l’anarchisme, Volume 1, Essai sur les fondements théoriques

de l’anarchisme p 127

Anarchie et  pouvoir 6
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