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Ce blog se veut un lieu de réflexion libertaire autour des concepts de domination et de pouvoir.L'objectif serait de fournir une base référentielle pour faciliter le renouveau de la pensée libertaire. Attention comme tout blog il faut commencer par la fin soit le message le plus ancien. Pour faciliter ,les articles ont été numérotés puisqu'ils font partie d'un ensemble de textes. La forme blog m'est apparue plus intéressante que la brochure en raison de la gratuité et des échanges à venir.Vous pouvez laisser des commentaires en cliquant sur l'icône éclair.Cordialement et bonne lecture !

14 May

En quoi la pensée d’Hanna Arendt peut interroger les libertaires ? 2

Publié par sureau  - Catégories :  #anarchie et pouvoir

En quoi la pensée d’Hanna Arendt peut interroger les libertaires ? 2

La condition humaine fondamentale doit se tenir à distance de deux paradigmes que nous avons déjà rencontrés précédemment: le naturalisme, aux conditions de vie érigées en conditions fondamentales et l'artificialisme, par l'instauration d'un monde humain, élevé à une puissance difficilement contrôlable.

Cette bipolarisation présente dans les systèmes totalitaires, se retrouve dans les sociétés pré et post totalitaires.

Le politique ne peut que se tenir à distance de ce qui constitue un sur sens idéologique, érigé en norme absolue telle que la Nature, le droit naturel, l'Histoire, l'Economique...visant à un projet de domination technique du social, d'une maîtrise de la société par un pouvoir englobant.

De même, le politique doit se maintenir éloigné de ce qu'il est convenu de considérer comme un a-sens, un affaissement de sens qui ramenerait la condition humaine fondamentale à un niveau vital, à la seule économie des besoins ce que nous retrouvons à travers les sociétés de travailleurs- consommateurs; une société tout entière tournée vers la reproduction vitale et destinée à la seule conservation de soi.

La condition humaine fondamentale doit se construire entre ces deux écueils et la massification capitaliste jointe au culte de l'animal laborans. Arendt démontre que par la sublimité du travail, la société moderne ne pouvait que développer les concepts naturalistes et vitalistes.

La subordination du domaine politique à une norme supérieure correspond à une absolutisation de la domination par le truchement d'un ordre transcendant aux affaires humanes.

Le projet politique qui s'instaure alors au nom d'une prétendue loi de Nature ou de l'Histoire est conforté dans ses prétentions hégémoniques à vouloir régir les sphères de l'existence sociale, politique, économique, publiques ou privées.

Les penseurs libertaires ont eux aussi, en dignes sujets historiquement déterminés, oeuvrés dans le sens du naturalisme, notamment à travers les écrits de Piotr Kropotkine ou de Bakounine, à travers des concepts phares sublimés tels que la Liberté ou l'Individualité.Ils sont restés ancrés dans le un sur sens idéalisé qui a rendu impossible de poser la question du pouvoir dans toute sa complexité.

A l'opposé, d'autres anarchistes ont survalorisé la fonction de travail et celles connexes de travailleurs et ont réduit le projet libertaire à un vitalisme et à l'organisation sociale permettant de maîtriser les conditions vitales humaines en vidant le projet de son idéalité. La problématique du pouvoir a été réduite le plus souvent à l'expression d'une inversion des flux décisionnels et hiérarchiques.

Il convenait avant toute chose de poser que la condition humaine est l'appartenance au monde non réduite au vivre ensemble comme travailleur, producteur et consommateur.

"Le travail ignore le monde comme la vie ignore l'appartenance au monde.Rien dans l'activité de travail entièrement dévolue à la satisfaction des fonctions vitales ne vise le monde ou n'engage le moindre geste en direction d'un monde, de son instauration ou de sa perpétuation.Au contraire, ordonné au seul principe de la vie, le travail ne produit rien de durable, ne laisse rien derrière lui et, s"épuisant dans la reproduction des forces et la consommation des biens, soumet toute chose au processus dévorant de la vie.La sphère strictement socio économique des activités humaines tisse entre les hommes un lien de dépendance mutuelle qui ne donne naissance à aucune communauté de monde."(p 212.213)

"L'artificialisation du monde est poussée jusqu'à sa récusation comme monde humain au profit d'une réification purement objectale et instrumentale de l'autre, l'affirmation de la condition vitale va jusqu'à interdire l'institution d'un monde commun." (p 213)

C'est par ce biais là de la revitalisation du monde commun que les libertaires devraient reprendre la question du pouvoir en confrontant l'érosion du politique induite par ce monde a-sensé et par cet absolutisation du pouvoir du fait de la mondialisation, interdisant toute créativité et aventure sociale novatrice, fondée sur le lien humain, induit dans la pluralité humaine du plusieurs en un.

Entre le non politique par défaut par l'atomisation du lien humain et par disparition de la pluralité et le non politique par excès par la fusion des pluralités en une seule entité, en un corps unique, le projet politique libertaire a toute sa place s'il s'empare des réalités de chaque époque et de leur intelligibilité et qu'il sait se doter d'outils analytiques de la condition existentiale plus amples.et sans a priori philosophiques.

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